La fabrication des estampes
Quelles sont les étapes de fabrication d'une estampe ?
Quotidiennement, des dizaines d'estampes sortent des presses de GrandPalaisRmnAteliers. La collection de la Chalcographie du Louvre est composée de plus de 14 000 matrices d'estampes, dont les plus anciennes remontent au XVIIe siècle. Il s'agit de plaques de cuivre gravées en taille-douce : le motif est inscrit en creux dans le métal (contrairement à la gravure d'épargne, où le sujet est en relief). Le burin et l'eau-forte sont les deux techniques de gravure les plus représentées dans la collection, où l'on trouve également des aquatintes, des manières de crayon, des pointes sèches et des héliogravures.
La collection de la Chalcographie du Louvre possède également une centaine de matrices en bois (xylographie) et en pierre (lithographie). Pour des raisons techniques, ces planches ne sont pas exploitées.
Impression de plaques gravées en taille-douce
Lorsqu'il doit procéder à l'impression d'une plaque, l'imprimeur commence par retirer le vernis qui la protège et qui en assure la bonne conservation lorsqu'elle est en réserve. Après l'avoir nettoyée, il s'assure de son bon état, afin d'assurer un tirage de qualité et de ne pas endommager la plaque. Une fois ce travail de reconnaissance réalisé, vient alors le moment qui donne naissance à l'estampe : celui de l'impression.
L'imprimeur encre d'abord généreusement la matrice : toute la surface du métal doit être recouverte d'une encre épaisse, constituée d'huile de lin et de pigments et spécifiquement conçue pour l'impression en taille-douce. Elle est répartie au rouleau puis à l'aide d'un tampon de cuir. Afin de faciliter cette opération, la plaque gravée est placée sur une table chauffante, de manière à rendre l'encre plus élastique. L'imprimeur s'assure que chacune des tailles est bien encrée.
L'essuyage : étape la plus importante et délicate
À l'aide d'un tissu en mousseline, appelé tarlatane, l'imprimeur retire le surplus d'encre, faisant progressivement réapparaître le motif. Les parties non gravées sont débarrassées de l'encre, qui doit rester logée uniquement dans les tailles. L'imprimeur termine l'opération avec la paume de sa main, recouverte d'un peu de blanc d'Espagne, pour retirer les dernières traces d'encre indésirables. Le métal nu doit alors briller comme un miroir. Cette dernière opération, appelée « paumage », réclame une grande dextérité.
Le transfert de l'encre sur le papier
L'imprimeur place alors la plaque encrée sur le plateau de la presse en taille-douce. Il la recouvre d'une feuille de papier, préalablement humidifiée pour rendre la fibre plus réceptive à l'encre. Le tout est protégé par des langes en feutre épais, qui amortissent la très forte pression de la machine. Par un mouvement horizontal, la matrice et le papier passent sous le cylindre de la presse. L'encre est transférée des tailles à la fibre du papier : on dit qu'elle est « amoureuse du papier ».
L'imprimeur peut alors retirer la feuille et révéler le tirage de l'estampe. En raison de la forte pression exercée sur le papier humide, la feuille conserve une cuvette, qui correspond au pourtour de la matrice : c'est ce qu'on appelle le coup de planche.
L'épreuve imprimée, encore humide, est placée entre des buvards et des cartons épais. L'imprimeur peut à nouveau encrer la plaque et recommencer chaque opération pour obtenir un autre tirage.
L'étape finale : vérification et pose du timbre sec
Après quarante-huit heures de séchage, chaque estampe est minutieusement examinée pour s'assurer que l'impression ne comporte aucun défaut. Les tirages ne correspondant pas aux exigences de qualité des ateliers d'art sont systématiquement écartés. Intervient alors la dernière étape du processus de fabrication : la pose du timbre sec de la Chalcographie du Louvre. Cette marque en relief, « gaufrée » au bord de l'estampe, certifie la qualité et l'authenticité du tirage.