L'œuvre de Jean-Marie Appriou (né à Brest en 1986, vit et travaille à Paris) se joue du brouillage des temporalités, plonge dans les profondeurs archaïques de la sculpture afin de créer de nouvelles chimères, futuristes, ancrées dans l'histoire et les mythes. Ses créations ont été exposées dans de nombreuses institutions, du Palais de Tokyo (2014) au château de Versailles (2017) au Consortium de Dijon (2019-2020) et à Lafayette Anticipations (2021).
L'atelier de l'artiste est situé à quelques minutes des Ateliers d'art de la Rmn-GP à Saint-Denis, et il a donc pu y explorer les techniques de gravure qu'il avait développées par le passé. Passionné de gravure, il a, pour cette œuvre, voulu explorer le patrimoine technique en associant plusieurs méthodes d'aquatinte et d'eau-forte. Pendant plusieurs semaines, la plaque a été le champ d'une expérimentation des endroits où la gravure pouvait l'emporter.
Jean-Marie Appriou a ainsi fait appel à toute son expérience de sculpteur afin de transformer la plaque en une réalité physique où chaque trait, chaque point, serait le résultat d'un mélange de hasard et de décision, tout en respectant les contraintes formelles d'une plaque destinée à imprimer des estampes à tirage illimité, suivant le modèle de la Chalcographie du Louvre.
En cette année anniversaire du musée du Louvre, ouvert en 1793, l'artiste retourne aux origines du musée et entend concevoir, par son œuvre, une fable animalière du musée. Il a cherché à identifier, dans l'histoire du Louvre, des animaux-emblèmes afin de réaliser un portrait fablier et mythique du musée. Ainsi nous invite-t-il à découvrir, suivant le titre de son œuvre, Constellation du Louvre.
Dans cette constellation, la Louve incarne l'étymologie possible du nom « Louvre »; la salamandre renvoie à François Ier, qui lança les travaux de la Cour Carrée et acquis l'ensemble d'œuvres de Léonard de Vinci désormais dans les collections du musée, le lion rappelle Rubens et le cycle de la galerie Médicis, le cheval est un écho à la sculpture équestre de Louis XIV de Bernin, tourné vers le Sud Est dans la direction de Versailles, le chacal d'Anubis, signal de Denon et de la Campagne d'Égypte qui lança le musée Napoléon, la colombe, symbole de paix, présente dans le plafond de Georges Braque qui marqua le renouveau de la venue des artistes modernes au Louvre.
Ces animaux composent un récit du Louvre, mais l'œuvre n'est pas seulement narrative : elle crée un brouillage du temps, où tous les emblèmes se répondent les uns aux autres, et surgissent du fond de l'image. Dans son enfance et ses premières années de jeune artiste, Jean-Marie Appriou est souvent venu au musée développer son regard. Avec Constellation du Louvre, il invite les spectateurs à faire de même, à poursuivre le développement de l'acuité de leur œil, et à retourner au musée découvrir les collections.
Eau-forte, aquatinte sur cuivre.
Plaque gravée par l'artiste avec l'assistance technique des artisans de l'atelier de la Chalcographie de la Rmn-GP, Lucile Vanstaevel et Marius Tessier, et imprimée sur une presse taille-douce du même atelier à Saint-Denis.
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