En 1783, soit trois années après la mort de Gabriel de Saint-Aubin, Pahin de la Blancherie indiquait que l'on n'avait jamais rencontré l'artiste « qu'un crayon à la main, dessinant tout ce qui se présentait à ses yeux ». Cependant, malgré cette passion du dessin, le chroniqueur de la vie parisienne fut bien vite oublié et il fallut attendre les Goncourt à la fin du XIXème siècle pour le redécouvrir. Chacun, dès lors, goûta l'art de Saint-Aubin et rechercha ses œuvres. Grand collectionneur du XVIIIe siècle français, Camille Groult entra en possession d'un exceptionnel carnet réunissant plus d'une centaine de pages sur lesquelles le maître avait griffonné son quotidien. Longtemps ce rarissime témoignage de l'art de Saint-Aubin demeura jalousement gardé. Edmond de Goncourt ne put en donner qu'un dépouillement incomplet. Quelques années après, Émile Dacier, grand spécialiste de l'artiste, ajouta quelques éléments nouveaux mais sans avoir obtenu de pouvoir examiner en détail le carnet. Le 20 novembre 1941, le Louvre en faisait l'acquisition. L'œuvre livrait enfin tous ses secrets. Dacier en reprit l'étude et publia en 1943 un opuscule de quarante planches.
Aujourd'hui, c'est l'ensemble du carnet qui est pour la première fois reproduit à l'échelle réelle et étudié de manière exhaustive. De petites dimensions (18 x 12,5 cm), et réunissant 108 pages dont 103 illustrées et annotées entre 1759 et 1778, l'ouvrage est un document inestimable. L'artiste nous invite à parcourir les rues de Paris, à découvrir certains de ses monuments, à partager avec lui quelques événements marquants ou bien encore à vivre le quotidien de son petit monde peuplé de si nombreuses jeunes femmes toutes occupées à la lecture, à la musique ou aux travaux d'aiguille. De sa fine écriture souvent si difficile à lire, il a couvert de jour comme de nuit les pages de nombreuses annotations, noms de collectionneurs, prix de denrées, maximes ou bien encore localisations. Pour qui aime le Paris du XVIIIe siècle, pour qui cherche à mieux connaître l'art de Saint-Aubin, le carnet du Louvre invite indéniablement à la plus passionnante des découvertes.
2 volumes dans un coffret:
Carnet : 108 pages, 100 illustrations.
Étude : 80 pages, 131 illustrations.
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